Présentation

Présentation générale de la frange littorale de l’Occitanie

La façade littorale de l’Occitanie, d’un linéaire total d’environ 200 kilomètres, concerne 4 départements, 30 communes littorales (54 en prenant en compte le linéaire lagunaire) et 4 grandes agglomérations situées à une dizaine de kilomètres de la mer (Montpellier, Béziers, Narbonne et Perpignan). Autrefois le rivage était peu peuplé : les différentes infrastructures (villes, villages et voies de communication) étaient alors le plus souvent positionnées à l’écart des zones humides et de la mer, soumises au paludisme et aux razzias. Aujourd’hui la côte est fortement urbanisée et près d’une trentaine d’infrastructures portuaires (dont quatre grands ports de commerce) se repartissent sur son linéaire.

La physionomie actuelle du littoral, au travers notamment des lagunes et de leurs marges, est le fruit d’une lente évolution qui a façonné la côte. La dernière variation importante du niveau de la mer, il y a 6 000 ans, a formé le cordon littoral actuel, isolant ainsi les lagunes de la mer. Les lidos ont ensuite été remaniés par la houle et les courants côtiers, transportant les apports des fleuves. En arrière des lidos, les lagunes ont été soumises à un processus progressif de comblement : les cours d’eau qui s’y déversent charrient des matières terrigènes, contribuant à la formation des marais et au comblement général des plans d’eau. Aujourd’hui, les lagunes sont toujours soumises à ce lent processus qui conduit progressivement à leur comblement.

L’aménagement du littoral de la région Occitanie (anciennement « Languedoc-Roussillon »), contrairement à celui de nombreuses autres régions françaises, résulte d’une démarche volontariste de l’État visant à valoriser le potentiel touristique jusqu’alors inexploité de la région en mettant en œuvre, au début des années soixante, une politique d’aménagement globale.

Alors qu’est créée en 1963 la Mission interministérielle pour l’aménagement touristique du Languedoc-Roussillon (le plus souvent appelée Mission Racine du nom de son responsable), une politique d’acquisition de terrains est activement menée sur l’ensemble du littoral par l’intermédiaire du Fonds national d’aménagement foncier urbain (FNAFU). Cette mission a planifié l’aménagement du littoral et créé les grands équipements qui structurent aujourd’hui cet espace. Sur les secteurs à vocation touristique, de grands travaux ont été menés : ouvertures de graus, creusements de ports, développement des stations touristiques et des infrastructures routières.

La Mission Racine a prévu au départ la création de six unités touristiques séparées par des coupures vertes, chacune de ces unités associant une ou plusieurs stations anciennes à au moins une station nouvelle. Les coupures d’urbanisation ainsi définies devant limiter l’extension de l’urbanisation sur le linéaire côtier.

Les grandes orientations d’aménagement du schéma directeur de 1972 - Unités touristiques en mauve ; coupures vertes en vert

Depuis 1982, l’Etat ne joue plus ce rôle d’aménageur global du littoral. Des structures tels les syndicats mixtes, associant le Conseil Régional et les départements, ou bien encore des collectivités locales s’y sont substituées.

Ce littoral est aujourd’hui équipé en installations d’assainissement, irrigué de routes raccordées aux autoroutes, muni d’une vingtaine de ports de plaisance et parsemé d’espaces naturels et de reboisements. Huit stations (représentant au total 500 000 lits) ont été créées : Port-Camargue, La Grande-Motte, Carnon, le Cap d’Agde, Gruissan, Port-Leucate, Port-Barcarès et Saint-Cyprien.

Caractéristiques, dynamique et vulnérabilité du trait de côte occitan

Le littoral de l’Occitanie n‘est pas immobile. La côte est vivante et se transforme constamment sous l’effet conjugué des tempêtes, des vents dominants, des courants marins et du charriage des alluvions. Vivante mais fragile. Le recul du trait de côte est un phénomène significatif à l’échelle mondiale. D’après les résultats du programme européen CORINE Erosion côtière, en France 45% des rivages sont stables, 24% sont en recul et 11% en engraissement. Les 20% restants sont exclus de la nomenclature ou non inventoriés. En Occitanie, l’érosion atteint 22% du linéaire côtier.

L’érosion du trait de côte constitue donc une dynamique naturelle que les efforts humains, à plus ou moins long terme, ne peuvent empêcher. Aujourd’hui, il apparaît clairement que les ouvrages de protection « durs » (épis, brise-lames) privilégiés dans les années 80 pour la lutte contre l’érosion ont localement bien répondu aux attentes, mais qu’ils ont souvent reporté l’érosion sur les secteurs voisins. Les connaissances scientifiques et techniques de l’époque (ainsi que le manque de mesures sur les conditions naturelles du littoral : houle, dynamique sédimentaire…) n’ont pas permis de bien évaluer l’impact des ouvrages sur le long terme.

  • L’amplification du phénomène d’érosion

La dynamique naturelle des systèmes littoraux est à l’origine de fluctuations saisonnières modifiant ponctuellement le trait de côte. Le phénomène d’érosion devient significatif lorsque l’équilibre morphodynamique du milieu est rompu. Cette perte d’équilibre peut être générée par certains évènements climatiques exceptionnels. Elle est également favorisée par la présence d’activités humaines implantées sur le littoral, mais aussi localisées en amont, et quelquefois à grande distance, qui exacerbent les processus naturels.

Les tempêtes sont des perturbations météorologiques d’origine maritime, en général amenées par un vent marin de secteur Sud-Est. Les rivages de l’Occitanie appartiennent à la catégorie des côtes relativement peu exposées aux tempêtes. Leur fréquence d’occurrence moyenne est d’une tempête tous les 3 ans. Cependant l’impact de certaines d’entre-elles suffit à reconsidérer l’ampleur du phénomène, les conséquences étant importantes, tant sur les zones urbanisées que sur les zones naturelles. En effet, ces événements exceptionnels peuvent avoir des actions spectaculaires lorsque les houles sont associées à des niveaux d’eau élevés (pleines mers, vent soufflant depuis le large) attaquant les hauts de plage, voire rompant par endroit les cordons littoraux ou les digues et fragilisant certaines infrastructures humaines (ports, ouvrages de protection, habitations). Les tempêtes les plus marquantes de ces dernières décennies sont les tempêtes ayant sévi dans la région en 1982, 1997 et 1999.

  • Variabilité des phénomènes d’érosion et dynamiques observées

Le littoral de l’Occitanie est globalement soumis à un phénomène d’érosion de son trait de côte et depuis 1945, 260 hectares ont été gagnés par la mer. Toutefois, ce solde révèle des situations contrastées (engraissement ou érosion selon les secteurs). Si la Loi littoral de 1986 interdit toute construction nouvelle à moins de 100 mètres du rivage en dehors de tout espace urbanisé, les habitations et installations existantes sont nombreuses à être menacées par un déplacement du trait de côte. Inversement, il semble nécessaire de modifier notre rapport au littoral, en laissant au rivage, chaque fois que cela est possible, un espace de liberté et de mobilité nécessaire à son fonctionnement naturel.

Un territoire fortement soumis au risque submersion marine

Les risques majeurs dus à la mer sur le littoral peuvent revêtir un ou plusieurs des aspects suivants :

  • les risques de submersion dus à la montée des eaux par surélévation du plan d’eau lors des tempêtes attaquant la côte, et au voisinage des estuaires, influençant l’écoulement des rivières lorsque celles-ci sont en crue ;

  • les actions dynamiques de la houle pouvant détruire les biens et personnes, cette action pouvant se produire de façon différente en agissant ;

  • directement sur les structures ;

  • ou indirectement par érosion des littoraux sableux ou des falaises protégeant naturellement celles-ci.

Ces deux types de risques sont étroitement liés. Lors des tempêtes, la surélévation du plan d’eau et l’énergie plus grande des houles accélèrent l’érosion. D’autre part le recul du littoral et la disparition des cordons dunaires rend les aménagement plus vulnérables face à la submersion marine. En Occitanie, l’érosion des falaises marines est relativement limitée en intensité et ne concerne que peu de secteurs urbanisés. L’érosion et la submersion marine concernent une part importante du territoire régional et notamment les lidos et les zones littorales les plus basses, ou celles dont le cordon dunaire est le plus altéré. On estime que depuis 1945 260 hectares ont été gagnés par la mer. L’étude « Vulnérabilité du territoire national aux risques littoraux » réalisée par le CETMEF en 2010 a classé le littoral régional comme étant un des plus vulnérables (avec l’Aquitaine et PACA) à une augmentation du niveau marin. Concernant la problématique littoral, en Occitanie, 55 communes au total sont considérées comme riveraines de la mer et/ou des étangs salés (même définition que la loi littoral) parmi lesquelles : 30 communes ont une façade maritime et 24 sont riveraines d’étangs salés. Sur les 30 communes littorales, 22 ont un document opposable et sur les 24 communes riveraines des étangs, 10 ont un document opposable.

Un littoral fortement urbanisé et très sensible à l’impact du changement climatique

Selon les récentes études et réflexions sur le climat, les scientifiques s’accordent à affirmer une phase de réchauffement global du climat. Les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) évoquent une augmentation des températures au cours du 21e siècle comprise entre 1,5 et 3,4°C. Ce réchauffement prévu aura pour conséquence environnementale l’élévation du niveau de la mer, l’augmentation des précipitations, ainsi que l’augmentation des phénomènes climatiques exceptionnels (tempêtes…).

L’étude de 2009 de l’ONERC [1] estime que 140 000 logements (80 000 personnes) sont situés dans une zone affectée par un aléa submersion définitive ou érosion d’ici 2100 dans la région Occitanie. A titre de comparaison, les submersions temporaires centennales concernent aujourd’hui 15 000 logements. Près de 10 000 établissements (employant 26 000 salariés) sont situés dans une zone affectée par un aléa submersion définitive ou érosion d’ici 2100 dans la région Occitanie.

A titre d’illustration de cette sensibilité du littoral à l’élévation du niveau marin, le tableau suivant comptabilise les surfaces des communes littorales soumises à un aléa fort en 2010 et celles soumises à un aléa fort 2100 (en application de la circulaire du 27/07/11).

Superficies en haOccitanie-Aude--Gard--Hérault-Pyrénées-Orientales
Superficie aléa fort /niveau marin de référence 2010 15 418 3 901 4 464 6 342 711
Superficie aléa fort /niveau marin de référence 2100 (prise en compte du changement climatique) 24 698 6 286 7 572 9 321 1 519
% d’augmentation + 38 % + 38 % + 41 % + 32 % + 53 %

La même étude de l’ONERC indique que le coût cumulé sur 100 ans des dommages potentiels aux logements (aléa submersion permanente ou érosion) est évalué entre 15 et 35 milliards d’euros en 2008. Ce coût correspond à la destruction des logements de la zone concernée par l’aléa irréversible, en l’absence de politique de défense du trait de côte et ce sur l’ensemble du siècle à venir.

[1Évaluation du coût des impacts des changements climatiques et de l’adaptation en France. Rapport de la deuxième phase Partie II – Rapports des groupes transversaux.